Les brèves d’une ermite (5) — La petite lanterne éphémère

J’ai eu envie d’écrire ce billet pour rendre hommage au fruit délicat nommé physalis…. Rassurez-vous, l’isolement n’a pas eu raison de ma raison. Voici le moment vécu hier que je voulais évoquer…

Dimanche, je suis allée au marché. Un jeune homme et moi-même avons partagé, l’espace de quelques secondes, notre admiration pour cette baie, blottie dans une enveloppe de dentelle végétale d’une émouvante fragilité. J’ai simplement dit que c’était magnifique, il m’a confié avec joie avoir le souhait de recréer en cuisine cette petite lanterne en sucre, avec à coeur le fruit confit.

Ceci est un fragment de l’oeuvre d’art omniprésente qu’est la Nature. Elle est là, inspirante et généreuse, pour quiconque garde les yeux ouverts.

Les brèves d’une ermite (4) — L’homme le plus flippé du monde

Comment ne pas nous sentir affectueusement concernés, particulièrement dans le contexte actuel, par le propos du talentueux auteur de bande dessinée Théo Grosjean ? Dans une série de savoureuses vignettes, intitulée L’homme le plus flippé du monde, le jeune artiste représente avec humour les multiples situations dans lesquelles son anxiété l’entraîne. La juste dose d’autodérision administrée par Théo agit comme un baume sur nos propres peurs et insécurités, et nous permet de nous distancier de ces compagnons indésirables et sournois, tapis dans les recoins de notre cerveau.

Pour suivre L’homme le plus flippé du monde :
https://www.instagram.com/theo.grosjean/?hl=fr
Pour en savoir plus sur l’artiste et ses autres projets :
https://www.facebook.com/th.grosjean/

Les brèves d’une ermite (3) — Millo

Les amateurs de Street Art connaissent certainement déjà les oeuvres de Millo, muraliste qui a redonné vie à de nombreuses façades dans le monde entier. Dans ses fresques prodigieuses où l’être humain est un géant qui crée, apprivoise ou s’approprie des environnements urbains fourmillants, l’artiste laisse la part belle à notre imagination. Il y a sans doute un peu de ces macro-personnages mélancoliques et rêveurs en chaque citadin, surtout à l’heure où nous sommes obligés de déserter l’espace public que nous tenons pour acquis.

Pour en savoir plus sur l'artiste : 
https://www.millo.biz/
https://www.instagram.com/millo/?hl=fr
https://www.facebook.com/millo27
https://www.youtube.com/watch?v=I6VZJNKsFsg

Les brèves d’une ermite (2) — Edo Avant Garde

L’Art se situe au carrefour de l’humain, de la nature et du divin. Les oeuvres picturales japonaises nées pendant l’ère Edo (1603-1868) en sont une très belle illustration. Le long-métrage de Linda Hoaglund intitulé Edo Avant Garde, programmé au FIFA, nous fait découvrir les artistes qui furent à l’origine de ces peintures exquises, où la Faune, la Flore, et les Hommes sont animés par un souffle stylistique particulier, d’une modernité parfois surprenante. Le film est une invitation à la contemplation de ces oeuvres, véritables poèmes en équilibre entre réalisme et abstraction.

Pour en savoir plus sur Linda Hoaglund : 
http://lhoaglund.com/
Pour consulter la programmation en ligne du Festival international du film sur l'Art :
https://www.artfifa.com/fr/nouvelles/la-programmation-en-ligne-est-devoilee-2

Les brèves d’une ermite (1) — Chapelier Fou

Parmi les découvertes musicales marquantes que j’ai pu faire ces dernières années se trouve l’univers onirique de Chapelier Fou. Entendre la forêt qui pousse est le morceau qui m’a fait découvrir l’artiste, et, à la énième écoute, je suis encore touchée par sa candeur sublime. Puis j’ai fait connaissance avec la grande richesse de sa musique, qui mêle les instruments acoustiques et électroniques. Tour à tour vives ou mélancoliques, ses créations sont parfois déroutantes, mais toujours étonnantes. D’ailleurs, le mois dernier, cet alchimiste a sorti de ses fioles un nouvel album intitulé Méridiens, dans lequel on plonge volontiers en chute libre.

…. Je vous laisse donc avec Constantinople, extrait de Méridiens :

Pour en savoir plus sur l'artiste : 
https://www.chapelierfoumusic.com/discographie/
https://www.facebook.com/chapelierfou/

			

« Au commencement des jours »

Alors que je parcourais encore les pages du Silmarillion, j’ai appris il y a quelques jours le décès de Christopher Tolkien, fils de l’auteur J.R.R. Tolkien. Je me suis alors souvenue que le fascinant recueil que je tenais entre mes mains ne serait peut-être pas passé à la postérité sans l’important travail de synthèse et de compilation réalisé par Christopher sur les manuscrits de son père. Je pense que les éloges de ce livre ne sont plus à faire, mais je souhaitais quand même publier ces quelques lignes.

La lecture du Silmarillion m’a permis de mesurer davantage l’ampleur de l’œuvre de Tolkien, comme si j’avais découvert la face immergée d’un iceberg. Comme dans ses autres récits, nous y retrouvons un  foisonnement de personnages dont les destins s’entremêlent en une formidable épopée. Mais son caractère si particulier vient du fait que nous touchons aux racines de l’univers dépeint dans le Hobbit ou le Seigneur des Anneaux, à la genèse de la Terre du Milieu. Ainsi, au fil de plusieurs chapitres, du firmament aux grandes profondeurs des océans, des divinités nées de l’esprit de leur « père » Ilúvatar (entité à l’origine de tout) créent et façonnent avec passion les multiples aspects de la Nature. Et puisque la lumière n’existe pas sans l’obscurité, le paradis originel nourrit également des forces mal intentionnées, qui seront à l’origine de longues discordes et de guerres au sein des différents peuples de la Terre. L’essence des grands mythes imprègne les histoires racontées dans le Silmarillion, mais elle brille d’un éclat singulier à travers la plume poétique et mélancolique de Tolkien. On en vient presque à regretter de ne pas pouvoir fouler le sol de ces lieux fantastiques, animés d’un souffle héroïque.

Andrew à cœur ouvert

L’auteur-compositeur-interprète irlandais Andrew Hozier-Byrne, dit Hozier, tient une place particulière dans mon cœur. La platitude de cette première phrase n’a d’égale que mon incapacité à verbaliser l’admiration que j’ai pour cet artiste humble et authentique. Celui qui n’en espérait pas tant au moment où sa musique a été diffusée au grand public a rapidement gagné le cœur de millions d’auditeurs. Les deux ans de parenthèse créatrice qui ont suivi sa première tournée mondiale en 2015-2016 n’ont pas empêché son retour triomphal à la scène, avec un EP en septembre 2018 et un nouvel album en mars 2019. Je faisais partie des personnes impatientes d’être à nouveau enchantées par son écriture riche et poétique et par ses mélodies empreintes de nostalgie.

Hozier a distillé son génie clair-obscur à travers les quatorze titres qui composent l’album intitulé Wasteland, Baby!, quatorze pépites que je ne me lasse pas de savourer. On y retrouve son engagement sans concession et son habileté unique à dépeindre les vicissitudes de la condition humaine, avec une juste dose de métaphores brillantes, de références légendaires et d’ironie subtile. La composition musicale, avec ses harmonies vocales et ses rythmes complexes, donne à certains morceaux des allures d’hymnes vibrants. Les pièces plus intimes, puisant leur lancinante beauté dans le folk et le blues, ne sont pas moins puissantes. Tout ce qu’il y a de plus simple et de plus imparfait en chaque être humain ainsi que tous les états d’âmes, tristesses abyssales ou éphémères épiphanies, sont sublimés par sa voix et sa musique. Accroché au fil ténu de l’espérance, Hozier révèle ici les trésors qui émergent du chaos de l’existence, au-delà du fatalisme ambiant qui conditionne nos pensées.